Le milieu homo est un condensé des « Les feux de l’amour, gloire et beauté, splendeur et décadence des courtisanes ». Un univers impitoyable où se mélangent les reines, les prétendantes, les mantes religieuses, les mythomanes, les petites putes, les pseudo-prudes, les belles de nuit… Un monde dans lequel il est préférable de demander à la personne que l’on veut draguer qui sont ses ex plutôt que son signe astrologique ou ses goûts musicaux. Ca aide à se faire une idée plus précise sur la personne. Un espace fait d’échanges, de bises quand on arrive en boite alors qu’en fait on ne peut pas se voir, même en peinture. Le paraître et le superficiel l’emportent sur la réalité. La sincérité n’y a pas et n’y aura jamais sa place.
Au fil des rencontres, des conversations – là encore Facebook s’avère fort utile – nous découvrons que machin à couché avec tel autre, que tout ce petit monde est entré en « interaction » à un moment ou à un autre, de manière consciente ou des suites d’un after tellement arrosé qu’on ne se souvient plus lequel et où s’était, et nous comprenons toute la signification de la fameuse expression consacrée : « Le monde est petit »… Tu parles… Il faut des années d’expérience pour savoir à qui se fier dans ce monde. Les plus faibles se font dévorer par les plus forts. C’est la loi de « celle qui sera la plus salope ». Ne dit-on pas C.S.G. (Chacun Sa Gueule) ? J’explique… Vous sortez en boite avec une bonne copine, vous remarquez un beau gosse qui vous plait. Malheureusement, il plait aussi à votre pote, c’est là que le principe C.S.G. entre en action. L’amitié n’a plus cours quand l’instinct reprend le dessus. C’est celle qui roulera la première pelle qui sera la meilleure…
Les Reines sont légitimes ou ne le sont pas. Il y a celles qui pavanent en pleine lumière, sans autre trône que celui qui leur sert à évacuer le repas de la veille, et celles, plus subtiles, qui régentent leur cour, sans que personne ne remarque quoi que ce soit. Ce sont ces dernières les plus efficaces. Derrière leur masque, elles se transforment parfois en mantes religieuses dès qu’un beau mec passe dans leur champ de vision. Et là, plus question de lâcher prise tant que la proie n’a pas « prêté allégeance ». Les Reines règnent sur des groupes matriarcaux composés de prétendantes, de petites putes, de mythomanes. Parfois, très souvent même, on les appelle « Maman, Mamie, Mère » mais rarement « Papa »…
Les prétendantes sont d’anciennes petites putes qui ont réussi à s’en sortir sans trop y laisser de plumes. Elles ont une chance, un jour, de devenir Reines – encore faut-il bien choisir son moment pour déloger la précédente, sinon on risque la déchéance, voire pire...
Les petites putes et les pseudo-prudes n’ont qu’une différence. Les premières jouent leur carte en pleine lumière, les secondes font la même chose mais il ne faut surtout pas que ça se sache. On retrouve dans la deuxième catégorie les soi-disant hors milieu – que vous ne verrez jamais en boite de nuit ni dans un bar, mais qui iront sur les lieux de dragues, que ceux-ci soient réels ou virtuels sur internet. A noter que les pseudo-prudes ne feront jamais partie de la société matriarcale des Reines, elles sont anarchistes, limite anti-Pd...
Les mytho quant à eux, ils ont tout fait, ils savent tout, ils ont tout. Nous ne sommes rien à côté d’eux et nous leur devrions presque une pleine et totale admiration, si nous ne savions pas que leurs propos ne sont justement que du vent. Machin a rencontré le plus beau mec de la terre, par hasard, il est devenu son meilleur ami, et nous nous sommes des merdes… Sauf que machin est Rmiste, qu’il n’a pas un sous, qu’il vit chez papa-maman et qu’il se demande surtout ce qu’il va faire de sa vie…
Il y a aussi les couples. Deux sortes de couples existent. Les couples fidèles, qui ne sortent que très rarement dans le milieu, sont toujours collés l’un à l’autre tels des bulots sur leur rocher. Qu’un échange de regard, même innocent, se produise avec une tierce personne et on frôle le drame, voire la rupture totale et définitive. Pourtant, ils se sont juré une pleine confiance l’un en l’autre… Puis, il y a les couples « libres ». Libre est un bien grand mot si on le compare à ce qui se passe réellement. Très souvent, c’est seulement à sens unique. L’un est convaincu de l’amour et de la fidélité de l’autre, lequel se permet d’aller butiner à droite et à gauche, se gardant bien entendu le droit d’une scène si le premier se permet de tenter de faire de même… Le problème avec les couples, ce sont les amis qui rencontrent l’homme de leur vie. Et oui, qu’il s’agisse d’un couple hétérosexuel ou homosexuel, le principal souci reste la plupart du temps l’arrivée d’une « pièce rapportée ». Tout se passe bien avec l’ami, on sort, on rit, on s’éclate, puis l’ami rencontre un mec… Au début, c’est chouette. On se fait des soirées sympa ensemble. C’est après que les choses commencent à dégénérer. L’ami ne change pas mais son nouveau mari voit de moins en moins bien le fait qu’il s’éclate parfois plus avec ses amis plutôt qu’avec lui. Résultat, lors de soirées ou sorties, des dérapages se produisent de plus en plus fréquemment. Toute situation, même la plus anodine, devient prétexte à accrochage. Les semaines passent et la situation empire jusqu’à arriver à un point de non retour, au moment où la rupture avec la « pièce rapportée » est consommée et que l’on se dit enfin : « C’est bon, j’arrête de faire des efforts ! ». A ce moment, c’est quitte ou double. Soit on la ferme et on essaie de ne plus croiser l’objet de la discorde. Soit on reste sur ses positions et là le risque de perdre son ami devient une préoccupation. Quoiqu’il en soit, ma préférence va à la première possibilité. On ne va tout de même pas se mettre à genoux et sucer le premier venu sous prétexte qu’il veut faire régner sa loi sur un cercle qui existait déjà bien avant lui… Zut alors !
Et puis, on tombe sur les « Belles de nuit ». Mais de nuit seulement. Allez les surprendre le matin au réveil, ça vous donnerait même l’idée de devenir hétérosexuel… Un jour… Elles n’ont pas les moyens de se payer un verre mais trouvent tout de même le moyen de se payer le dernier Vuitton ou des fringues de marques, alors qu’elles ont trois mois de loyer de retard et que leur réfrigérateur est aussi vide que leurs jolies petites têtes toutes coiffées à la dernière mode. Coiffure dans lesquelles les cheveux sont dressés en pics ou coiffés façon balayage sauvage. Le problème, c’est que plus de la moitié souffrira d’une calvitie plus ou moins marquée dans seulement 5 ou 10 ans. Et à ce moment là, je m’amuserai comme un fou en repensant à ce qu’elles étaient et surtout, à leur discours présent sur les vieux moches qui n’arrêtent pas de les draguer... Ne parlons pas non plus de leur taille de guêpe. C’est clair, elles picolent et mangent du Fastfood à tout va et elles ne prennent pas un gramme. Bonne chance, mes chéries. Je n’aurai pas à attendre longtemps avant de vous voir passer de la taille 36-38 à 42-44 (voir plus, vu vos affinités alimentaires…). Ne dit-on pas que la patience est une vertu… Tout vient à point à qui sait attendre… Un jour, j’aurai ma revanche sur votre beauté superficielle… J’ai mon âge et j'ai eu le vôtre, vous avez votre âge et vous aurez le mien...
Oups ! J’allais oublier une catégorie, et non des moindres, les « filles à PD ». Elles ont souvent le physique ingrat et sont d'une infinie beauté (très intérieure dans la majorité des cas)… Elles rêvent de coucher avec un mec, mais comme l’objet de leur désir est PD à 200%, elles finissent vieilles filles – tout comme le mec homo avec lequel on les voit tout le temps… Ou alors, le mec trouve son âme sœur, et la fille finit toute seule…
Enfin, viennent les associatifs… Le milieu n’a pas besoin d’eux mais eux si… On trouve des associations dont l’objet est de favoriser des loisirs et activités « plus gay », ghetto dans le ghetto. Leurs adhérents se retrouvent entre eux et ne sortent que très rarement de ce monde fermé. Avant, ils disaient ne pas aimer les bars et les boites de nuit parce que la fumée de cigarette les dérangeait. Maintenant, après l’application de la loi anti-tabac, ils ne sortent pas plus qu'auparavant. Que voulez-vous, ils font partie d’une association et se disent ouverts sur l’extérieur, mais cette association n’est en fait qu’un moyen de se donner l’illusion de faire partie du monde. Le plus souvent, ils s’avèrent être les plus intolérants vis-à-vis du milieu. On trouve aussi les associations militantes. Ce sont ces associations qui comptent souvent le moins de membres mais qui sont les plus présentes et actives sur le terrain. Elles organisent des Gay Pride, agissent dans le domaine de la prévention, font de l’information auprès des personnes. Certaines, comme Le Refuge, à Montpellier et à Paris, recueillent des jeunes homos en difficulté, très souvent jetés à la rue par des parents incompréhensifs. Je soutiens pleinement ce type d’association. Le plus important cependant, c’est que les personnes qui s’investissent dans ces structures ne se prennent pas pour des petits chefs et ne cherchent pas à se conduire tels des dictateurs voulant régenter le milieu qui leur permet d’œuvrer efficacement sur le terrain…
Jean De La Fontaine aurait dû vivre à notre époque, il aurait pu écrire les plus belles fables rien qu’en s’inspirant de ce monde « iceberg », tellement blig-bling en surface, si sombre dans son côté obscur. En ce qui me concerne, j’ai toujours eu des principes. Je pense que chacun se doit de respecter une certaine déontologie, certaines règles de base. Si tout le monde se fixait et suivait ces règles de conduite alors peut être pourrions-nous enfin affirmer que nous sommes des gens civilisés...